Quand deux immenses champions ont l’habitude de s’affronter depuis tant d’années (il s’agissait de leur 35ème duel), quand ils sont prêts physiquement et techniquement, que leur niveau est si proche, la différence se fait toujours dans la tête.
Dans cette première interview, en moins d’une minute, Roger Federer, nous livre quelques clés fondamentales.
🔑 Clé n°1 : Bien se préparer
Un tournoi et une finale se préparent.
Beaucoup de joueurs et joueuses enchaînent les tours et misent seulement sur la confiance acquise au fil des matchs.
Si ce « capital confiance » est important à préserver, quand on vise l’excellence, il ne suffit plus.
Il y a un adversaire qui va tout faire pour vous battre et, si vous n’avez pas construit un plan de jeu précis, cela risque fort de ne pas suffire…
🔑 Clé n°2 : Ne pas se tromper d'objectif
Quand on perd à plusieurs reprises contre le même joueur, bien sûr, il faut opérer des changements si on ne veut pas, fatalement, revivre la même histoire…
L’idée de radicalement modifier le jeu de votre joueur peut apparaître intéressante…
Mais elle porte en elle un poison : il risque de ne plus jouer avec son identité et ses forces naturelles. Grâce au regard extérieur de son coach, Federer n’est pas tombé dans ce piège.
🔑 Clé n°3 : Décider
Le but de la préparation mentale est de permettre au joueur de savoir comment agir dans certaines situations envisagées au préalable.
Le joueur se prépare mentalement à agir.
Quand la situation se présente, il n’est pas désemparé.
Il est armé pour agir. Il sait ce qu’il doit faire.
Et ce qu’il doit faire, c’est DÉ-CI-DER d’appliquer ce qui a été prévu.
🔑 Clé n°4 : Décider de jouer son jeu
Le tennis est un jeu.
Quand le joueur commence à se poser trop de questions, il finit par se perdre et… ne plus jouer. Jouer son jeu signifie prendre du plaisir avec ce que l’on sait faire et essayer de le faire le mieux possible.
Cette notion de plaisir est souvent la première chose qui vient à manquer chez les joueurs qui traversent une période de doute.
Elle est cruciale pour réussir sur la durée.
🔑 Clé n°5 : Décider de jouer vers l'avant
« Jouer vers l’avant » peut s’entendre de deux manières. Dans son sens premier, il s’agit effectivement de ne pas subir et de prendre des initiatives ; ce qui, par le passé, a pu manquer à Roger Federer dans les moments clés contre Rafael Nadal.
Et puis, l’autre sens signifie qu’un titre ne vient jamais tout seul. Il faut aller le chercher. À partir des demies-finales, il n’est plus possible de gagner sans prendre des initiatives. Beaucoup de commentateurs (et certains coachs) disent : « il faut défendre notre titre« .
Il n’y a rien à défendre !
Le titre précédent est déjà joué… Le champion ne regarde pas dans le rétroviseur. Il joue vers l’avant pour conquérir de nouveaux trophées.
🔑 Clé n°6 : Décider d'y croire
Nos croyances ont un impact impressionnant sur notre corps et donc sur nos réussites ou nos échecs.
Si vous êtes convaincu de ne pas y arriver, votre croyance va se réaliser et, au passage, vous conforter dans l’idée que vous aviez raison de ne pas « y croire ». C’est le cercle vicieux de la contreperformance…
Pour « y croire », il faut bien sûr que le joueur et le coach s’appuient sur des schémas à la fois ambitieux et réalistes.Agresser Nadal dans les moments importants et refuser de subir était très ambitieux et, la preuve, réalisable.
À condition… d’y avoir cru tout le match !
🔑 Clé n°7 : Décider d'accepter
Ce point est également un élément fondamental que je travaille avec les joueurs dont je m’occupe.
Accepter une situation telle qu’un faux rebond, une erreur d’arbitrage, un passing gagnant ou tout autre fait de jeu n’a rien à voir avec de la résignation.
« Accepter » c’est considérer un fait comme étant inscrit dans le passé et, par définition, sur lequel on n’a plus de prise. Il ne sert à rien de se lamenter au sujet d’un point perdu, peu importe la façon.
Ce qui importe, c’est de l’accepter, d’en tirer des enseignements pour être en mesure de se mettre dans les meilleures conditions pour jouer le point suivant.
Cette décision permet de ne pas se laisser submerger par les émotions et de gérer le mieux possible les moments tendus.
Dans une autre interview, Roger Federer nous livre d’autres clés :
🔑 Clé n°8 : Jouer la balle, pas l'adversaire
« Jouer l’adversaire » signifie « jouer quelque chose d’abstrait ».
Jouer une représentation mentale, souvent affective. Certains joueurs me disent ne pas arriver à bien jouer contre, par exemple, les joueurs qui ont un revers à deux mains. Cette croyance se transforme alors en prophétie autoréalisatrice, et, effectivement, ils se retrouvent très souvent « automatiquement » en difficulté contre ce type de joueurs…
De la même manière, certains joueurs prétendent ne pas pouvoir gagner à tel ou tel classement et se créent une barrière purement psychologique. Alors que, dans les faits, le type de jeu d’un adversaire moins bien classé peut, par exemple, poser plus de problèmes, que le jeu d’un joueur pourtant mieux classé…
Travailler le mental, c’est amener le joueur à s’appuyer sur les éléments les plus « concrets » possibles. « Jouer la balle » est beaucoup plus concret que « jouer l’adversaire ». Pensez-y.
🔑 Clé n°9 : Jouer avec des valeurs
Roger Federer évoque, selon moi, les 3 valeurs les plus fondamentales pour performer dans le sport : la LIBERTÉ, L’AUDACE, LE COURAGE.
> La première valeur est la liberté
Cette valeur permet de choisir ses actions. Elle rend le joueur plus responsable de chacune de ses décisions. Elle lui permet de ne pas se laisser enfermer dans une situation qu’il n’a pas choisi, dans les choix de l’adversaire, et, également de ne pas s’emprisonner lui-même dans ses propres pensées.
La valeur Liberté permet d’assumer ses choix.
> La deuxième valeur est l’audace
L’audace c’est prendre des initiatives alors que rien n’y oblige.
C’est agrandir sa zone de confort, prendre des risques pour découvrir des choses nouvelles et excitantes, faire de nouvelles expériences et conquérir de nouveaux territoires.
Cette valeur est très efficace pour transformer une situation habituelle en véritable défi personnel.
> La troisième valeur est le courage
Le courage est une valeur différente de l’audace.
Il faut s’en servir dans des situations que nous n’avons pas forcément choisi… Le courage permet, en effet, de persévérer face aux événements difficiles.
Cette valeur permet la combativité.
Elle est donc très utile pour ne pas lâcher pendant un match.
C’est donc l’ensemble de ce travail associé à la préparation physique, tactique et technique (tout est lié) qui a permis à Roger Federer de remporter le « point de bascule » du match…
Regarde bien, on y retrouve les 3 valeurs évoquées à l’instant 😉
Comme son nom l’indique, la « préparation mentale » est une discipline qui permet aux joueurs de se « pré-parer » (se parer à l’avance), par définition avant l’événement, pour pouvoir le vivre pleinement et exprimer son plus haut potentiel.
Si vous aidez vos joueurs à décider avant un match COMMENT ils VONT penser pendant le match, quand la situation se présentera, leurs émotions ne pourront pas prendre toute la place dans leur esprit. Il sera déjà occupé à mettre en application des choix clairs, simples et valeureux.
C’est ce type de « mental » que vous devez préparer avant les matchs de vos joueurs 😉